Conduite et fatigue : les jeunes conducteurs surestiment leur capacité à prendre le volant

le 20/06/2011 à 13h56 par  - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
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Les jeunes conducteurs d'une vingtaine d'années ont tendance à surestimer leur capacité à conduire lorsqu'ils sont fatigués et qu'ils ont besoin de dormir, alors que dans la même situation, les conducteurs quinquagénaires perçoivent leur aptitude à conduire de façon plus objective, indiquent les résultats d'une étude française parue dans le dernier numéro de la revue "Journal of Sleep Research".

Etant donné que les jeunes conducteurs sont fréquemment impliqués dans des accidents de la route liés à la somnolence , le Dr Pierre Philip, de la Clinique du sommeil de CHU de Bordeaux (Gironde) et ses collègues ont voulu déterminer si cette situation reflétait une plus grande sensibilité de cette tranche d'âge au manque de sommeil ou une difficulté des jeunes conducteurs à évaluer leur capacité à prendre le volant quand ils sont fatigués. Cette équipe de chercheurs bordelais a suivi vingt volontaires. Dix jeunes âgés de 20 à 25 ans et dix plus âgés (52-63 ans) ont participé à des tests permettant de mesurer leur temps de réaction, en précisant leur degré de fatigue et en indiquant auparavant s'ils pensaient réussir ou non au test. Chaque participant a ainsi été évalué après une nuit de privation de sommeil et après une nuit de sommeil. Si après une nuit de sommeil normale, les temps de réactions des participants plus âgés ont atteint des valeurs plus importantes que ceux des jeunes participants, les premiers se sont montrés beaucoup moins affectés par la privation de sommeil. Par ailleurs, quand les participants ont dû préciser leur niveau d'éveil (ou de somnolence) et auto-évaluer, par anticipation, leur performance, les scores recueillis se sont montrés comparables quel que soit leur âge. Cela signifie qu' après une nuit sans sommeil, les jeunes voient leurs performances diminuer significativement (alors que celles des quinquagénaires, plus faibles en temps normal, ne varient pas) et que leur capacité à évaluer objectivement leurs performances se montre elle aussi altérée , a expliqué mercredi matin le Dr Pierre Philip, à l'occasion d'une conférence de presse de la Sécurité routière sur le thème de la fatigue et de la somnolence au volant. "A manque de sommeil égal, les 'quinquas' sont meilleurs juges de leur état" , a-t-il résumé, précisant que cela ne signifiait pas que les jeunes soient les seuls concernés par le problème de la somnolence au volant. Les conclusions de ces travaux rappellent également que, contrairement à ce que l'on pourrait croire, "le fait d'être jeune ne constitue pas un critère de résistance au manque de sommeil" , a-t-il ajouté. Et pour limiter le risque en cas de nuit trop courte avant de prendre le volant, la sieste préventive s'avère efficace , a rappelé le Dr Pierre Philip. "Faire une courte sieste en journée, c'est comme remettre un peu de carburant dans le réservoir d'une voiture : ça n'empêche pas qu'il y aura un moment ou il sera vide, mais ça retarde ce moment" , a-t-il expliqué. (Journal of Sleep Research 2004, vol. 13, n° 2, p. 105-110)

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