Asthme sévère : un impact encore important sur la vie quotidienne des patients européens

le 11/05/2011 à 10h41 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Globalement, la prise en charge de l'asthme est loin d'être optimale en Europe, a jugé le Dr Yves Magar, pneumologue à l'hôpital Saint-Joseph (Paris, XIVème arrondissement), en commentant les résultats de l'enquête téléphonique "Fighting for your breath", réalisée auprès de 1.300 asthmatiques originaires de cinq pays européens.

Trente millions d'asthmatiques en Europe!

L'association française Asthme et Allergies, ainsi que ses homologues des autres pays engagés dans cette analyse (Allemagne, Espagne, Royaume-Uni et Suède), ont profité de la journée mondiale de l'asthme pour présenter les premiers résultats chiffrés de cette enquête européenne menée sous la houlette de l'EFA (European federation of allergy and airways diseases patients associations). Au total, on recense environ 30 millions d'asthmatiques en Europe (soit 5,8% de la population), dont près de 6 millions souffrant de symptômes sévères . C'est à cette population de patients atteints d'un asthme grave mais "qui peut cependant être bien souvent évité" que ce sondage s'est intéressé, précise le document de présentation des résultats. Les 200 personnes interrogées dans chaque pays (sauf au Royaume-Uni, 500 participants) avaient en effet connu, au cours de l'année précédant l'enquête, des symptômes nocturnes au moins une fois par semaine, au moins une crise d'asthme hebdomadaire et au moins une crise portant atteinte à la parole sur l'année.

Un contrôle insuffisant

Les recommandations internationales et nationales en vigueur font du contrôle de l'asthme l'objectif de la prise en charge de cette pathologie . On peut notamment reconnaître un asthmatique qui contrôle sa pathologie à la faible fréquence de ses crises, à la rareté de ses symptômes nocturnes, ou encore au fait que sa maladie ne le gêne pas dans sa vie quotidienne (activité physique, sociale ou professionnelle), a rappelé le Dr Yves Magar. Malheureusement les résultats de cette enquête montrent "que l'on est encore loin des recommandations" , a-t-il relevé. En effet, près des trois quarts des participants ont indiqué avoir été réveillés par leurs symptômes au moins une fois par semaine au cours de l'année écoulée, tandis qu'ils ont été près de 70% à déclarer devoir éviter certaines activités physiques. Près de la moitié des asthmatiques interrogés (46% en moyenne européenne, 47% en France) a souffert d'une attaque provoquant une respiration sifflante au moins une fois par semaine dans les douze mois précédant l'enquête, a également souligné le pneumologue parisien. Parmi les autres indicateurs de mauvais contrôle de l'asthme soulignés par ces données préliminaires, on peut également constater que 13% des malades interrogés (3% en France) n'ont pas réussi à réduire le nombre d'épisodes asthmatiques auxquels ils doivent faire face et que 15% des participants (27% en France) font encore appel aux soins d'urgence. En résumé, ce sondage confirme les constatations déjà effectuées lors de précédentes enquêtes françaises et européennes, a déclaré le Dr Sergio Salmeron, chef du service de pneumo-allergologie de l'hôpital Saint-Joseph : le mauvais contrôle de l'asthme, qui s'accompagne d'un recours trop fréquent aux soins (à la fois en urgence et en nombre d'hospitalisations), découle d'une situation de sous traitement, faute de respect d'un traitement de fond efficace. Pour le Dr Yves Magar, si "on retrouve les mêmes résultats un peu décevants d'étude en étude", c'est parce qu'"au-delà des recommandations et au-delà des prescriptions, il y a vraiment un problème d'accompagnement de l'asthme" .

Imporatance de l'éducation thérapeutique

En effet, pour arriver à ce que le patient, s'approprie son traitement, prenne activement part à sa prise en charge et devienne "l'expert de sa maladie" , "il ne suffit pas de délivrer une ordonnance" , a-t-il insisté. Or le temps limité de la consultation médicale ne suffit généralement pas pour que le médecin puisse à la fois expliquer ce qu'est la maladie, insister sur le fait qu'elle est évolutive, montrer au malade comment utiliser les systèmes d'inhalation , lever les réticences concernant l'utilisation des corticoïdes inhalés et vérifier que son patient a bien tout compris tout en s'assurant qu'il est prêt à accepter cette maladie chronique , a renchéri le Dr Sergio Salmeron. Tous ces aspects confirment les besoins importants des asthmatiques en matière d'éducation thérapeutique , ont finalement conclu les deux spécialistes parisiens. Les résultats complets du sondage européen "Fighting for your breath" ont été présentés, a précisé Marie-Caroline Lafay, attaché de presse de l'association Asthme et Allergies.

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