La spondylarthrite ankylosante expose au risque d'ostéoporose

le 08/03/2011 à 15h09 par  - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
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La spondylarthrite ankylosante est un rhumatisme inflammatoire évoluant progressivement vers l'ossification et l'ankylose, avec parallèlement, le développement d'une ostéoporose diffuse fragilisant l'os, décrit le Dr Abdellah El Maghraoui (Rabat, Maroc) dans la "Revue du Rhumatisme". "Cette ostéoporose touche essentiellement les vertèbres et peut être à l'origine, plus tard au cours de l'évolution de la maladie, de fractures, dont la fréquence peut atteindre 18%", souligne le spécialiste. Ainsi, environ un tiers des patients souffrant d'une spondylarthrite ankylosante est ostéopénique et/ou ostéopénique dès le début de cette affection. L'ostéoporose s'aggrave par ailleurs avec l'âge et la durée d'évolution de la maladie. "Il a également été démontré que les patients ayant une inflammation persistante et non contrôlée par le traitement médical continuent de perdre de l'os", informe le rhumatologue.

Selon lui, plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer la survenue d'une ostéoporose au cours de la spondylarthrite ankylosante :

1/ Tout d'abord, l' immobilisation due à la douleur et la raideur au début de la maladie, ainsi que l' ankylose rachidienne dans les stades évolués. "Cependant, des études ont montré que même au tout début du rhumatisme inflammatoire, sans retentissement fonctionnel évident, les malades présentaient une ostéoporose confirmée ", prévient le Dr El Maghraoui. 2/ Le rôle des médicaments a été soulevé, en particulier les corticoïdes et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) . Cependant, rappelle le spécialiste, "les corticoïdes sont peu utilisés dans la spondylarthrite ankylosante et l'ostéoporose a souvent été démontrée en l'absence d'un tel traitement" . Par ailleurs, les AINS n'ont pas à ce jour démontré d'effet délétère sur l'os. 3/ Un déficit en hormones sexuelles a été évoqué, mais plusieurs études n'ont pas réussi à mettre en évidence d'anomalies hormonales plus fréquentes par rapport à des groupes témoins. 4/ Le rôle de substances stimulant l'inflammation , appelées cytokines , a été retenu dans plusieurs études. "L'inflammation des synoviales, membranes qui tapissent l'intérieur des articulations, pourrait être à l'origine d'une libération locale de ces cytokines dont l'effet négatif sur le métabolisme osseux a d'ores et déjà été établi" , indique le Dr El Maghraoui. 5/ Une atteinte intestinale infraclinique (c'est-à-dire sans symptômes) a été soulevée par quelques études, qui ont ainsi démontré l'existence de lésions intestinales dans presque deux tiers des cas, lésions pouvant être aggravées par les prises fréquentes et prolongées d' AINS .

"Actuellement, il nous semble que ces hypothèses se complètent et que l'origine de cette ostéoporose est vraisemblablement multifactorielle : génétique, inflammatoire, médicamenteuse, par atteinte intestinale et aggravée par l'immobilité rachidienne avec l'évolution de la maladie" , conclut le médecin. (Revue du Rhumatisme 2004 ; vol 71, n°7 : p.573-578)

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