Don d'organes : les Français adhèrent massivement mais ont du mal à en parler à leurs proches

le 25/02/2015 à 17h39 par  - Lecture en 4 min Ajouter à votre selection
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Les Français adhèrent massivement au principe du don d'organes mais ont du mal à passer à l'acte pour transmettre leur position à leurs proches, montrent les résultats d'une enquête présentée par l'Agence de la biomédecine.

Qu'en pensent les Français ?

Au cours d'un colloque organisé à Paris sur les attitudes personnelles et perceptions sociales sur le don d'organes et la greffe, l'Agence a présenté les résultats de deux enquêtes, l'une menée auprès des adultes et la seconde auprès des jeunes de 16 à 25 ans. Ces données montrent que le don d'organes est devenu un sujet bien assimilé par les Français , qui expriment néanmoins un fort besoin d'informations, en particulier les jeunes, indique l'Agence dans un communiqué. D'après l'étude conduite auprès d'un millier d'adultes, 70% des Français ont déjà pensé au don d'organes . Le sujet fait partie de leurs préoccupations de santé et l'adhésion apparaît massive puisque 85% des Français interrogés y sont favorables. Pourtant, le chemin qui les mène à se forger une position est difficile car 39% seulement de la population a pris position sur le don d'organes . Les personnes qui ont le plus facilement fait aboutir leur réflexion sont celles qui ont discuté du sujet avec leur entourage pour confronter leurs idées. Or, 48% des sondés seulement en ont discuté, surtout avec des amis, et un tiers attend la "bonne occasion". Le niveau de connaissances est souvent disparate , ce qui peut susciter des réticences à aborder un sujet que l'on maîtrise mal, notamment dans ses aspects complexes (législation, mort encéphalique). Par ailleurs, certaines croyances liées à l'imaginaire du corps sont très fortes. Ainsi, 45% des Français pensent que le corps risque d'être mutilé. Le passage à l'acte dans la transmission de la position aux proches représente aussi un défi. En effet, 45% estiment difficile de faire connaître sa position alors que 91% trouvent que c'est important, d'autant plus que 85% jugent traumatisant de prendre une décision à la place d'un proche décédé. Au total, 31% des sondés ont fait connaître leur position, surtout pour qu'on respecte leur volonté et pour épargner une décision difficile à leurs proches. Pour les 69% qui ne l'ont pas fait, l'attente de la "bonne occasion" est un argument majeur, de même que la réticence à parler de la mort, un sujet qui reste tabou.

Un sujet d'utilité sociale pour les jeunes

L'adhésion au principe de donner ses organes est très forte chez les jeunes aussi . Dans l'enquête menée auprès de plus de 1.000 jeunes de 16 à 25 ans, 84% des participants se disent favorables au don d'organes et 70% sont d'accord pour que l'on prélève leurs organes en cas de décès. Si 96% ont entendu parler du sujet, ils ne semblent pas en avoir une connaissance toujours précise au-delà de sa simple définition. Ils sont 95% à estimer que le don d'organes est un acte généreux et utile et ils expriment leur confiance dans le système en place et dans sa gestion à 77%, souligne l'Agence de la biomédecine. Les jeunes jugent aussi important de préserver l'apparence du corps et établissent donc une hiérarchie claire des organes : ce qui se voit (peau, yeux) est plus difficilement prélevable. Près de la moitié (42%) considèrent que c'est un thème difficile à aborder dans une discussion et qu'ils l'aborderaient mieux avec une personne du même âge. La discussion apparaît plus difficile en famille. En pratique, 65% en ont déjà parlé à leurs amis surtout à l'occasion d'un élément déclencheur (médias, discussion en milieu scolaire). Les jeunes attendent des informations précises pédagogiques, qu'on les fasse réfléchir (97%) et qu'on leur explique comment se passent le prélèvement et la greffe (92%), en passant de préférence par un intervenant en milieu scolaire ou le médecin.

Une campagne auprès des 16-25 ans

Pour accompagner les médecins dans leur mission de sensibilisation auprès de leurs jeunes patients (en application de la loi de bioéthique), l'Agence de la biomédecine lance la campagne nationale d'information sur le don d'organes et la greffe auprès des 16-25 ans qui donne priorité à la connaissance avec un parti pris pédagogique fort. Le dispositif repose sur des spots radio programmés sur des stations jeunes, un site internet dédié (www.ledonlagreffeetmoi.com), un guide d'information de huit pages (Le don, la greffe et moi) et des relais dans les lycées (DVD dans les centres de documentation). Pour les médecins, l'Agence a prévu la diffusion du guide dans le "Quotidien du médecin" et un dossier dédié dans le "Concours médical" . Un espace dédié sur le site de l'Agence apportera les éléments dont les médecins auront besoin pour cette mission d'information (www.agence-biomedecine.fr). Par ailleurs, les équipes hospitalières de prélèvement et les associations militant en faveur du don d'organes accompagnent l'Agence dans l'information des 16-25 ans dans les lycées. Des partenaires institutionnels se sont aussi engagés à relayer l'information comme la Mutualité française, des mutuelles étudiantes et l'Union nationale des associations familiales (Unaf).

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