Un programme interventionnel efficace pour réduire la prévalence de l'asthme chez les enfants à haut risque

le 05/05/2011 à 10h06 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Un programme interventionnel mis en place avant la naissance d'un enfant et appliqué au cours de sa première année de vie semble efficace pour réduire la survenue d'un asthme à l'âge de sept ans dans les familles à risque élevé, montre une étude canadienne parue dans le "Journal of Allergy and Clinical Immunology" (JACI).

L' asthme et les maladies atopiques font intervenir des facteurs à la fois environnementaux et génétiques, rappellent Moira Chan-Yeun et ses collègues de l'université de Manitoba. Cette équipe de chercheurs canadiens a cherché à évaluer l'efficacité d'un programme interventionnel en prévention primaire pour des enfants à risque élevé d'asthme. Ont été considérés comme tels les enfants dont au moins un parent au premier degré souffrait d'asthme ou dont deux parents au premier degré étaient atteints d'une autre maladie allergique IgE dépendante ( dermatite atopique , rhinite allergique , allergie alimentaire ). Pour cette étude, deux groupes ont été constitués de manière aléatoire : 279 familles ont participé à un programme interventionnel associant différentes actions, et 266 autres ont constitué un groupe contrôle. Les familles ayant suivi ce programme préventif ont d'abord dû éliminer les allergènes du domicile quatre et huit mois avant et après la naissance de l'enfant ( nettoyage des moquettes et meubles , animaux laissés à l'extérieur du domicile ou au moins de la chambre de l'enfant). De plus, les parents ont été incités à arrêter de fumer ou à fumer à l'extérieur , la mère a été encouragée à poursuivre l'allaitement au moins pendant les quatre premiers mois de vie de l'enfant, ainsi qu'à retarder l'introduction de nouveaux aliments dans le régime alimentaire du nourrisson après l'âge de six mois. Les auteurs avaient déjà rapporté que, pendant la prime enfance, la proportion d'enfants présentant des symptômes asthmatiques se montrait significativement plus faible dans le groupe d'enfants ayant suivi le programme interventionnel que celle dans le groupe contrôle (34% de moins à l'âge d'un an, 40% de moins à l'âge de deux ans). L'asthme lui-même ( défini par une respiration sifflante en l'absence de rhume ainsi qu'une hyperréactivité bronchique ) s'est également montré moins fréquent dans le groupe interventionnel (12,9%) que dans le groupe contrôle (25%), soit une réduction de 61%. Le suivi à sept ans de cette cohorte (380 sur 545 enfants vus) a confirmé que le pourcentage d'enfants recevant un diagnostic d'asthme par un allergologue spécialisé en pédiatrie se montre significativement moins élevé dans le groupe interventionnel (14,9%) que dans le groupe contrôle (23%). Ceci signifie que le programme interventionnel mis en place dans le cadre de cette étude permet de réduire de 56% le risque d'asthme à l'âge de 7 ans. En revanche, la prévalence de la rhinite allergique et de la dermatite atopique, ainsi que de l'hyperréactivité bronchique s'est avérée similaire dans les deux groupes. Il est possible que le programme interventionnel n'exerce qu'un impact limité sur ces maladies atopiques génétiquement prédéterminées, commentent les auteurs. Ces résultats montrent qu'un programme interventionnel appliqué à la fin de la grossesse et au cours de la première année de vie de l'enfant s'avère efficace en prévention primaire de l'asthme chez des enfants à risque élevé de développer cette pathologie. Le succès de ce programme dans cette cohorte pourrait s'expliquer notamment par le niveau socio-éducatif élevé des mères et un faible niveau de tabagisme dans ces familles, notent les auteurs. Ces enfants seront à nouveau évalués à l'âge de 11-12 ans pour voir si ce programme interventionnel permet réellement de réduire le risque d'asthme ou s'il retarde seulement la survenue de la maladie. (JACI, 1er juin 2005, édition accélérée en ligne, 7 p.)

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