Chlamydioses : deux spécialistes plaident pour un dépistage systématique

le 16/03/2011 à 14h01 par  - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
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Chlamydioses : deux spécialistes plaident pour un dépistage systématique

Deux spécialistes plaident, dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire" (BEH), pour le dépistage systématique des infections à Chlamydia trachomatis , au moins dans certaines structures telles que les centres de planification familiale. Chlamydia trachomatis est à l'origine de l'infection sexuellement transmissible d'origine bactérienne la plus répandue dans les pays industrialisés . Après un déclin amorcé dans les années 90, une recrudescence de la prévalence a été observée à partir de 2000 dans plusieurs pays d'Europe de l'Ouest. Ainsi, en France, alors qu'elle était passée de 4,9% à 2,9% entre 1990 et 1995, la tendance s'est inversée, avec une progression de 10,7% entre 2001 et 2003. Actuellement, la prévalence varie de 1 à 5% dans les populations asymptomatiques et de 8 à 15% dans les populations symptomatiques, rapportent Josiane Warszawski, de l'hôpital Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne, AP-HP) et Véronique Goulet, de l'Institut de veille sanitaire. Les plus touchées sont les femmes âgées de 18 à 24 ans et les hommes âgés de 25 à 30 ans. C. trachomatis s'avère ubiquitaire , contrairement à d'autres bactéries à l'origine d'infections sexuellement transmissibles, avec une diffusion en population générale plus importante, soulignent les auteurs. De même, le sex-ratio apparaît plus équilibré. Enfin, les chlamydioses sont moins liées à une activité sexuelle récente à risque que d'autres maladies . Souvent asymptomatique (dans 60 à 70% des cas), la contamination par C. trachomatis est donc souvent découverte tardivement , engendrant des atteintes des voies génitales hautes susceptibles de se compliquer sérieusement, essentiellement chez les femmes ( douleurs chroniques , grossesse extra-utérine , infertilité tubaire chez respectivement 4%, 3% et 2% des femmes infectées). Chez les hommes , le retentissement sur la fertilité de l' orchi-épididymite -qui survient dans 5% des cas- est controversé, soulignent les auteurs. Les progrès en biologie moléculaire ont rendu la détection de C. trachomatis plus facile dans les prélèvements uro-génitaux et permettent donc son dépistage " même dans des structures où l'examen gynécologique n'est pas une pratique de routine ". En France, contrairement aux pays anglo-saxons et nordiques, il n'existe cependant toujours pas de recommandations nationales à ce sujet, déplorent les spécialistes. Plaidant pour un dépistage systématique de C. trachomatis, Josiane Warszawski et Véronique Goulet s'appuient sur cinq enquêtes de dépistage sur urines ou par auto-prélèvement vaginal réalisées dans diverses structures (services de médecine universitaire, centres de planification et d'éducation familiale, centres d'orthogénie). Ces études, réalisées entre 2003 et 2005 et publiées dans le BEH, montrent que la prévalence d'infections à C. trachomatis varie de 6 à 11% dans les centres et que l'auto-prélèvement, qui peut faciliter considérablement le dépistage en routine, s'avère très bien accepté par les participantes. En outre, le dépistage systématique apparaît coût-efficace par rapport à des stratégies ciblées, visant uniquement les personnes symptomatiques, assurent les auteurs. Les résultats des analyses économiques étant cependant actuellement débattus et la prévalence tombant à 1 à 3% chez les étudiantes, elles circonscrivent toutefois leur recommandation aux centres de planification familiale et d'orthogénie, où les prévalences de l'infection à ce germe sont particulièrement élevées. (Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 3 octobre 2006, n°37-38, p. 275-276)

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