Bien que plusieurs facteurs de risque liés au mode d'accouchement et aux complications et interventions obstétricales aient été suggérés dans l'incontinence anale, leur importance relative n'est pas connue et leur effet peut être biaisé par les facteurs de risque génétiques. Afin de s'affranchir de ces facteurs génétiques et de ne prendre en compte que les facteurs environnementaux, le Dr Abramov, de l'Evanston Continence Center dans l'Illinois, et ses collègues ont étudié 148 paires de jumelles homozygotes ("vraies" jumelles, issues du même oeuf, dont le patrimoine génétique est totalement identique) lors du plus grand rassemblement mondial de jumeaux, organisé à Twinsburg, dans l'Ohio, en les interrogeant sur la présence, la fréquence et la sévérité de l'incontinence anale. Une incontinence anale (fécale ou flatulente) a été rapportée par 31% des femmes interrogées, l'incontinence flatulente se montrant deux fois plus fréquente que l'incontinence fécale (26% contre 12%). Parmi les facteurs de risque significatifs d'incontinence anale figuraient un âge supérieur à 40 ans (risque multiplié par 2,07), la ménopause (risque multiplié par 2,25), la parité (risque multiplié par 3,15 pour un enfant et par 3,69 à partir de deux enfants) et la présence d'une incontinence urinaire à l'effort (risque multiplié par 1,82). Au total, 31 femmes n'avaient accouché que par césarienne. Parmi elles, celles qui avaient eu une césarienne après déclenchement du travail se montraient moins susceptibles de présenter une incontinence fécale que les femmes ayant accouché par voie basse (8% contre 17%), tandis que la fréquence de l'incontinence flatulente s'est avérée comparable dans les deux groupes. En revanche, aucune des femmes ayant eu une césarienne programmée n'a rapporté d'incontinence anale. L'utilisation des forceps , un poids de naissance élevé, un antécédent d' hystérectomie , l' indice de masse corporelle (IMC, rapport du poids sur la taille au carré, indicateur d'obésité) et le tabagisme n'affectent pas le risque d'incontinence anale. L' épisiotomie et une deuxième phase de travail (expulsion) prolongée lors de l'accouchement sont apparues associées à une élévation non significative du risque d'incontinence anale. " Des études futures devraient étudier le possible rôle de l'accouchement par césarienne programmée dans la prévention de l'incontinence anale ", commentent les auteurs.
