Première journée sur la prise en charge de la douleur chez les malades mentaux : du pain sur la planche...

le 14/04/2011 à 15h07 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Première journée sur la prise en charge de la douleur chez les malades mentaux : du pain sur la planche...

La prise en charge de la douleur chez les personnes atteintes de pathologies psychiatriques ou de troubles mentaux reste encore embryonnaire en France et son développement demandera plusieurs années de travail, font apparaître les contributions à la première journée nationale sur la douleur et santé mentale. Ce colloque a été organisé à Paris par l'Association nationale pour la promotion des soins somatiques en santé mentale (ANP3SM) afin d'" ouvrir des réflexions pour l'avenir " sur la prise en charge de la douleur chez les malades mentaux, a indiqué en introduction son président, le Dr Djéa Saravane de l'établissement public de santé mentale (EPSM) de Ville-Evrard (Seine-Saint-Denis). Selon le Dr Alain Serrie, président de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD), la lutte contre la douleur a progressé en France depuis 1998 avec un premier plan ministériel puis un deuxième en 2001 mais " c'est une erreur fondamentale de ne pas avoir pris en compte la santé mentale dans les états généraux de la douleur ". Ces états généraux ont contribué à l'élaboration du troisième plan de lutte contre la douleur, qui " tient compte des imperfections des deux premiers " et dont la première priorité est d'améliorer la prise en charge de la douleur chez "les populations les plus vulnérables" . La population des malades mentaux n'y a pas été mentionnée spécifiquement : le terme de " santé mentale a disparu dans les méandres du ministère lors de la rédaction du plan mais la direction générale de la santé (DGS) et celle de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos) nous ont assuré que le handicap mental ne sera pas exclu ", a indiqué le Dr Ivan Krakowski du centre de lutte contre le cancer Alexis-Vautrin à Nancy. Il existe de " nombreuses niches dans le plan " qui permettent de placer la douleur en psychiatrie parmi les priorités , a-t-il expliqué en présentant les objectifs et mesures du texte qui peuvent s'appliquer aux malades mentaux. Ceux-ci figurent parmi les " personnes polyhandicapées ", mentionnées dans le plan aux côtés des " enfants et adolescents, personnes âgées et en fin de vie "; " à nous d'y donner sens ", a commenté le Dr Saravane. D'autres éléments législatifs peuvent aider au développement de la prise en charge de la douleur en santé mentale, comme les deux lois fondatrices de la lutte contre la douleur, celle du 4 février 1995 et celle du 4 mars 2002, a rappelé le Dr Krakowski. En outre, la lutte contre la douleur a été rendue obligatoire en étant inscrite dans les missions de politique d'amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins de la commission médicale d'établissement (ordonnance du 2 mai 2005) et dans la version 2 de la certification des établissements de santé, a ajouté le Dr Saravane. Car, la prise en charge de la douleur dans les EPSM reste encore embryonnaire , comme le montrent deux enquêtes présentées lors de cette journée. Le comité national de pilotage sur la douleur en santé mentale, émanation de l'ANP3SM, a conduit une enquête pilote auprès des soignants (infirmières aux deux tiers, aides-soignants, médecins...) dans 10 établissements psychiatriques (neuf EPSM et une clinique). Malgré son manque de rigueur, elle pointe un manque d'informations, de formation et d'outils, a commenté le Dr Stéphane Voillet du CH de La Roche-sur-Yon (Vendée) qui a présenté les résultats. UNE DOULEUR ABSENTE à L'éVALUATION MALGRé LA PLAINTE DES PATIENTS Selon les 349 questionnaires exploitables, 70% des répondants ont indiqué être confrontés à des patients douloureux et dans ce cas, les patients l'évoquent spontanément devant 61% d'entre eux, alors que 18% ne répondent pas à cette question. Mais les soignants confrontés à la douleur ne la retrouvent à l'évaluation que dans 45% des cas tandis que 32% ne répondent pas non plus, ce qui confirme qu'il existe des difficultés pour évaluer la douleur chez les patients psychiatriques, a estimé le médecin. Les deux tiers pensent qu'il n'y a pas d'outils d'évaluation de la douleur disponibles dans leur service et parmi les 28% qui disent le contraire, certains ne savent pas quels sont ces outils ou considèrent qu'ils sont mal adaptés. Ils sont aussi 68% à déclarer ne pas avoir suivi de formation sur le traitement de la douleur et autant à reconnaître ne pas en avoir demandé. Par ailleurs, l'analyse des traitements prescrits témoigne aussi de lacunes dans la prise en charge puisque près des deux tiers des soignants utilisent des antalgiques faibles ou des anti-inflammatoires alors qu'ils ne sont que 17% à recourir aux morphiniques, " ce qui est assez inquiétant ". En revanche, un tiers se sert des techniques non pharmacologiques.

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