Maladies infectieuses : l'Académie des sciences demande qu'elles soient déclarées grande cause nationale et internationale

le 06/07/2011 à 07h40 par  - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
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L'Académie des sciences réclame le statut de grande cause nationale et internationale pour les maladies infectieuses, dans un rapport, qui met l'accent sur l'importance de la recherche dans ce domaine.

Les maladies infectieuses et parasitaires sont responsables de près de quinze millions de décès chaque année dans le monde, ce qui représente plus du quart des décès causés par l'ensemble des maladies et des traumas, a rappelé au cours d'une conférence de presse le Pr Gérard Orth, qui signe, avec le Pr Philippe Sansonetti, un rapport de 440 pages sur la maîtrise des maladies infectieuses. Dans 90% des cas, ces décès surviennent dans les pays en voie de développement, a ajouté le spécialiste en soulignant la nécessité d'élever au rang de grande cause nationale et internationale la lutte contre les maladies infectieuses, pour des raisons à la fois "humanitaires", mais également "égoïstes", du fait de la globalisation et la multiplication des échanges. Les pays développés ne sont pas épargnés par ces pathologies : ils sont notamment confrontés à des problèmes spécifiques d'infections d'origine alimentaire, de résistances aux antibiotiques et d' infections nosocomiales , a souligné le Pr Sansonetti, tandis que Gérard Orth a cité les problèmes de faible couverture vaccinale contre l' hépatite B et la rougeole auxquels la France doit faire face. Les deux spécialistes ont souligné l'importance de la recherche -notamment fondamentale- et de la veille pour parvenir à maîtriser les maladies infectieuses " qui sont, restent et resteront un problème de santé publique ". Ceci implique " une coopération entre la recherche fondamentale et la recherche industrielle -un mouvement qui se dessine mais où beaucoup reste à faire-, une meilleure coordination des systèmes nationaux et internationaux de veille, de surveillance et d'alerte " et la nécessité de " lever les barrières entre la pathologie animale et humaine pour les englober " au niveau de la recherche mais également de l'enseignement, a précisé Gérard Orth. Il est important de ne " plus réagir et courir après les problèmes, mais d'aller vers une attitude anticipatoire ", a-t-il ajouté en soulignant la difficulté du sujet face à l'imprévisibilité de l'émergence de certaines maladies infectieuses. La mise au point de nouveaux tests de diagnostic, vaccins et traitements nécessite de renforcer la recherche dans de nombreuses disciplines : microbiologie, biologie cellulaire, biochimie, physiologie, immunologie, médecine expérimentale, recherche clinique, recherche sur les vecteurs et les réservoirs de pathogènes, sciences humaines, épidémiologie..., a poursuivi le Pr Sansonetti. Celui-ci souligne l'importance de rendre attractive la recherche sur les maladies infectieuses pour les étudiants qui se sont plutôt tournés ces dernières années vers des thématiques comme le cancer ou les neurosciences, et d'améliorer l'image de certaines disciplines importantes telles que la "vectorologie" ternie par une "image vieillotte d'épinglage de papillons" et occultée avec l'avènement de la biologie moléculaire. Les spécialistes soulignent enfin la nécessité de ne pas réduire les efforts de recherche à trois grandes maladies (sida, tuberculose, paludisme) et de prendre en compte également les infections respiratoires aiguës, les infections entériques, la leishmaniose , les trypanosomiases, les filarioses , la bilharziose et les fièvres hémorragiques. ("La maîtrise des maladies infectieuses, un défi de santé publique, une ambition médico-scientifique", Académie des sciences, sous la direction de Gérard Orth et de Philippe Sansonetti, 440 p., 59 euros)

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