Drogues: les Français durcissent leur opinion

le 25/02/2015 à 17h39 par  - Lecture en 2 min Ajouter à votre selection
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En l'espace de 10 ans, les Français ont durci leur opinion envers les drogues et leurs consommateurs, selon les résultats d'une enquête (Eropp 2008), présentés le jour de la fête de la musique, à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Paris.

Cette enquête a été réalisée d'octobre à décembre 2008 auprès d'un échantillon représentatif de 2.300 personnes âgées de 15 à 75 ans. Les produits sont perçus comme plus dangereux en 2008 qu'en 2002 et 1999. Les Français interrogés se montrent plus attachés aux mesures de prohibition , moins ouverts à la réduction des risques et moins tolérants pour les usagers de drogues, a résumé Jean-Michel Costes, directeur de l'Observatoire des drogues et des toxicomanies (OFDT) lors de cette manifestation. Ce dernier a également observé une mise en avant de la responsabilité individuelle des comportements addictifs. Les participants manifestent "une plus grande appréhension à l'égard des produits psychoactifs" en 2008 qu'en 2002: 62% jugent que la consommation de cannabis est dangereuse pour la santé dès l'expérimentation (+10 points par rapport à 2002), 43% pensent de même pour le tabac (+18 points) et 10% pour l' alcool (+5 points). Les réponses augmentent aussi, mais dans une moindre mesure, pour l' héroïne (92%, +3 points) et la cocaïne (89%, +6 points). Le changement est d'autant plus perceptible que l'opinion est restée stable entre les enquêtes 1999 et 2002. La perception des usagers de drogues s'en ressent, avec l'accent mis sur leur dangerosité pour leur entourage: 84% des Français le pensent pour les héroïnomanes (contre 74% en 1999). L'enquête montre aussi que nos concitoyens sont extrêmement attachés aux mesures d'interdiction du cannabis : 85% se déclarent contre la mise en vente libre de cette substance (+10 points par rapport à 2002), 70% contre son autorisation sous certaines conditions. En outre, le consensus sur l'obligation de soins pour les usagers de drogues interpellés reste très fort (89% d'opinions favorables, contre 91% en 1999). Mais le résultat peut recouvrir deux opinions différentes, souligne l'OFDT: "les uns apprécient son aspect coercitif, les autres le fait qu'elle permette d'éviter les poursuites judiciaires en privilégiant l'alternative thérapeutique". L'adhésion aux traitements de substitution aux opiacés, connus par 7 Français sur 10, est également large, même si elle s'effrite quelque peu (-9 points par rapport à 2002): 73% y restent favorables. A l'inverse, seuls 27% seraient en accord avec l'idée de "mettre à disposition des consommateurs d'héroïne des locaux et du matériel spécial pour qu'ils puissent s'injecter leur propre drogue (...) afin de prévenir les risques pour la santé". Les milieux sociaux favorisés, les personnes ayant une éducation scolaire supérieure, les adultes actifs et les personnes ayant une proximité (consommant ou ayant déjà consommé) avec le cannabis se montrent plus enclins que les autres à la démarche de réduction des risques, mais majoritairement moins attachés au régime de prohibition. L'adhésion aux mesures visant à un plus grand contrôle de l'offre de tabac et d'alcool est massive, notamment pour celles en limitant l'accès aux mineurs (92% pour le tabac, 90% pour l'alcool). Paradoxalement, la hausse des taxes sur ces produits est désapprouvée par une majorité (52%).

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