Allemagne : assouplissement des recommandations médicales sur l'accompagnement de la fin de vie

le 02/03/2011 à 14h07 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
dreamstimelarge 2212150

Allemagne : assouplissement des recommandations médicales sur l'accompagnement de la fin de vie

L'Ordre des médecins allemands (BÄK) a assoupli les recommandations aux professionnels accompagnant des patients en phase terminale , en autorisant désormais des interventions sans but véritablement thérapeutique mais limitées à soulager des douleurs , et en accordant plus d'importance à l'attestation écrite du patient sur le type de soins souhaités en fin de vie . " Les nouvelles recommandations ont été élaborées par le BÄK dans le souci de renforcer la dignité du patient. Elles résultent des débats engagés en Allemagne après l'application aux Pays-Bas puis en Belgique de législations autorisant l'euthanasie ", a déclaré au cours d'une conférence de presse Jörg-Dietrich Hoppe, président du BÄK. " Néanmoins, les professionnels médicaux allemands rejettent catégoriquement l'aide active au décès, qui demeure un acte criminel pénal ", a-t-il souligné. Les recommandations commencent avec le serment que " le devoir du médecin est d'aider une personne en phase terminale de manière à permettre un décès sous des conditions humainement dignes ", a expliqué Eggert Beleites, président de la commission des questions juridiques et éthiques de la BÄK. " Cette aide consiste dans des soins palliatifs et dans une assistance de base, qui ne comprennent pas nécessairement l'apport de nutriments ou de liquides car ceux-ci peuvent représenter une charge excessive pour la personne moribonde. La faim et la soif, en tant que sensations subjectives, doivent cependant être calmées ", a-t-il ajouté en citant les recommandations. A plusieurs reprises dans le texte, il est stipulé que l' apport d'une sonde ou des mesures d' alimentation parentérale ne peuvent être effectués " qu'en accord avec la volonté du patient ". De même, " le processus du décès ne doit pas être prolongé artificiellemen t" et chaque cas doit être traité " de façon individuelle ". Les décisions doivent être prises " en consultant divers collègues, médicaux et infirmiers " et " en respectant la volonté du patient ", comme mentionnée dans l'attestation écrite disponible. Ce document, que chacun en Allemagne peut rédiger sans nécessiter de certification notariale, décrit le type et l' intensité des soins souhaités en fin de vie , notamment en cas d' incapacité d'exprimer la volonté . Sa validité juridique a été reconnue en 1998 par un jugement de la Cour fédérale. Un groupe de travail du ministère allemand de la Justice élabore un document standard d'"autonomie du patient en fin de vie", dans lequel figureront toutes les données nécessaires d'un point de vue médical et juridique. Un premier résultat est prévu vers l'été, indique à APM Santé une porte-parole du ministère. Contrairement aux législations néerlandaise et belge, dont l'objectif est aussi de redéfinir la valeur déontologique de l'aide au décès et de rendre ainsi les interventions en phase terminale plus transparentes , ni les recommandations du BÄK ni le groupe de travail du ministère allemand de la Justice ne prévoient d'évaluer l'ampleur de cet acte en Allemagne, note-t-on. L'EUTHANASIE, SUJET TRèS SENSIBLE " L'aide au décès que pratiquent les médecins allemands n'est pas pénal tant qu'il demeure passif et indirect. D'une façon générale, cet acte bute en Allemagne sur des principes religieux qui y sont beaucoup plus fortement ancrés qu'en Belgique ou aux Pays-Bas, où les sociétés sont nettement plus sécularisées ", estime Jörg-Dietrich Hoppe lors d'un entretien avec APM Santé. " Au cas où un médecin apporterait une aide active en Allemagne, cela serait immédiatement su et poursuivi. Il n'y a donc pas lieu d'apporter plus de transparence ", affirme-t-il. " Il existe diverses organisations en Allemagne et en Suisse qui plaident en faveur du droit à l'euthanasie. Mais leurs activités sont d'ordre purement politique. Dans les années 1990, un politicien du parti des Libéraux, atteint de sclérose latérale amyotrophique, est parvenu à faire accélérer son décès. C'est le seul cas non criminel que je connaisse ici ", confie Jörg-Dietrich Hoppe.

Commentaires

Vous devez vous pour déposer un commentaire