L'hypnose, une pratique à laquelle les anesthésistes s'intéressent de près

le 25/02/2015 à 17h40 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Le développement du recours à l'hypnose en lieu et place d'une anesthésie classique a fait de cette pratique un sujet d'étude débattu au cours d'une conférence organisée dans le cadre du congrès mondial d'anesthésiologie, qui s'est tenue à Paris.

Hypnose et traitement

L'hypnose, traditionnellement définie comme un état particulier de la conscience -intermédiaire entre veille et sommeil -, est provoquée par la stimulation verbale par le soignant ou par le sujet lui-même (auquel cas on parle d'autohypnose), explique le Dr Alain Forster, du service d'anesthésiologie de l'hôpital cantonal universitaire de Genève (Suisse). Selon lui, l'hypnose ne possède en elle-même que peu ou pas d'effet thérapeutique , mais elle peut se montrer particulièrement efficace dans certaines conditions médicales, pour des patients motivés entretenant une bonne relation avec leur thérapeute et manifestant des attentes positives à l'égard de cette technique. Comme pour toute pratique thérapeutique, la mise en oeuvre de l'hypnose doit respecter un certain nombre d'indications et des contre-indications strictes , sous peine de complications. Ainsi, chaque spécialiste ne devrait utiliser l'hypnose que dans les indications qui relèvent de ses compétences . Par exemple, dans le cadre de la pratique de l'anesthésie, le recours à l'hypnose devrait être limité au traitement de la douleur, des nausées et vomissements , ainsi que de l' anxiété préopératoire, souligne le praticien helvétique.

Des études belges confirment l'intérêt de l'hypnose

Depuis une dizaine d'années, l'équipe du Pr Marie-Elisabeth Faymonville, du service d'anesthésiologie et de soins intensifs du CHU de Liège (Belgique), utilise l'hypnose en c omplément de la sédation consciente (visant à réduire l'appréhension et l'anxiété sans déclencher de perte de conscience), lors d'opérations de chirurgie plastique ou endocrine réalisées sous anesthésie locale. Plus de 4.000 patients de ce service ont déjà préféré bénéficier d'une hypnosédation plutôt que d'une anesthésie plus classique. Pour tenter de comprendre les mécanismes biologiques de l'hypnose, cette équipe de chercheurs belges a observé l'évolution du flux sanguin au niveau du cerveau (indicateur de l'activité neuronale) chez des volontaires sains. Au cours de cette expérience, l'état d'hypnose était atteint via la remémoration de souvenirs agréables . Les chercheurs ont pu observer que l'activation se faisait au niveau de différentes régions du cerveau, principalement situées du côté gauche. "Mais ces zones activées se sont avérées différentes de celles normalement mises en jeu lors de l'évocation de souvenirs personnels, ce qui suggère que, dans les conditions expérimentales décrites, l'hypnose serait un état d'éveil particulier au cours duquel la personne, apparemment somnolente, voit sa conscience envahie par des images mentales vivaces et cohérentes faisant appel à la mémoire" , explique le Pr Marie-Elisabeth Faymonville. Une seconde expérience de la même équipe a analysé la modification du traitement du message nerveux de la douleur quand une personne se trouve sous hypnose. La diminution de la perception du message douloureux, qui s'accompagne d'une diminution de l'intensité de la douleur ressentie, a été corrélée chez ces patients à l'activation d'une zone spécifique du cerveau qui module l'activité d'un réseau comprenant de nombreuses autres structures cérébrales. Pour le Pr Marie-Elisabeth Faymonville, ces résultats soulignent l' implication de ce réseau dans le contrôle des aspects sensoriels, affectifs, cognitifs et comportementaux de la nociception, dans le contexte spécifique que constitue l'hypnose . La spécialiste belge estime que de telles conclusions renforcent l'idée selon laquelle la lutte contre la douleur peut faire appel à des stratégies non seulement pharmacologiques, mais aussi psychologiques.

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