"Bougez contre le cancer du sein": une enquête destinée aux femmes après un cancer du sein

le 25/02/2015 à 17h39 par  - Lecture en 4 min Ajouter à votre selection
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"L'exercice physique, en plus de ses effets directs, est probablement l'arme la plus efficace pour lutter contre la fatigue chronique, l'anxiété et la prise de poids [après un cancer du sein]", indique le Dr Christian Jamin, gynécologue-endocrinologue (Paris), président de l'Afacs. Pourtant, "il existe très peu de travaux français sur l'activité physique faite par les femmes après un cancer du sein", constate-t-il.

La Mutualité française et l'Association francophone de l'après-cancer du sein (Afacs) ont lancé en septembre 2010 la première enquête nationale épidémiologique sur la pratique de l'activité physique après un cancer du sein, en partenariat avec le CHU de Clermont-Ferrand et l' Institut national du sport, de l'expertise et de la performance (Insep). Prévue jusqu'en mars 2011 , l'enquête de la Mutualité et de l'Afacs espère collecter les réponses (anonymes) d' au moins 1.000 femmes ayant survécu à un cancer du sein , ainsi que de 200 à 300 professionnels de santé . Les résultats, attendus pour la fin 2011, permettront de réaliser un état des lieux de la pratique sportive des femmes après un cancer du sein et d'identifier les craintes et les freins. "Cette enquête va permettre d'informer les gens sur les bienfaits de l'activité physique et de la nutrition sur la santé" , insiste la championne française d'athlétisme Christine Arron, marraine de l'opération. L'étude entend également sensibiliser les professionnels de santé pour parler des bénéfices de l'activité physique à leurs patientes. "La prévention, en particulier la prévention par l'activité physique, est un absent majeur dans le système de santé français" , regrette le président de la Mutualité française Jean-Pierre Davant. LUTTER CONTRE "DEUX FAUX MESSAGES" Aujourd'hui, que cela soit dans les maladies cardiovasculaires , les cancers ou toutes les pathologies dérivées, l'activité physique est un élément de prévention mais aussi de récupération après la prise en charge médicale, a rappelé Jean-Pierre Davant. Elle peut apporter des effets bénéfiques supplémentaires aux thérapeutiques prescrites contre un cancer du sein, qui se traduisent par une diminution significative de la mortalité et du nombre de récidives (jusqu'à 20% à 50% chez les femmes qui marchent par exemple d'un bon pas de 3 heures à 5 heures par semaine), citent la Mutualité et l'Afacs. "En effet, l'activité physique agit d'une part, sur les facteurs de croissance de la tumeur, et d'autre part, sur la prise de poids" . "Cela coupe l'herbe à deux faux messages qui se véhiculent beaucoup" , se réjouit le Dr Anne Lesur, oncosénologue au Centre Alexis Vautrin (Nancy), et vice-présidente de l'Afacs. Il y a tout d'abord le préjugé qu'une patiente doit "par définition ne pas se fatiguer" . Toute la famille se mobilise pour la décharger , pour les courses, le ménage, etc. "Je n'ai rien contre le fait en soi que le mari passe l'aspirateur" , plaisante le Dr Lesur, mais "il ne faut pas s'enfermer dans un carcan et garder une vie quotidienne un peu active" . L'autre attitude à changer est celle qui consiste à associer systématiquement une raison négative à toute perte de poids. "Dès que les femmes grossissent un peu, on leur dit qu'elles ont bonne mine, et à l'inverse, si elles maigrissent, on leur dit qu'elles n'ont pas l'air en forme" , rapporte le Dr Lesur. Les patientes elles-mêmes intègrent de façon "inconsciente" cette crainte. "Lorsqu'elles perdent les kilos dont elles n'ont jamais réussi à se débarrasser avant la maladie, elles se disent que c'est le cancer qui reprend" , constate l'oncologue. "Lorsque l'on dit aux femmes que si elles maigrissent, elles mettent des chances de leur côté, il y a une petite lumière qui se crée (...). Elles reprennent la main sur elles-mêmes, cela leur donne une bonne raison de maigrir, une motivation" , raconte Anne Lesur. Attention toutefois à ne pas culpabiliser les patientes, prévient-elle. "On leur donne des guides, des idées. Le questionnaire de l'enquête "Bougez contre le cancer du sein" est là pour ajouter un côté ludique, pour que les patientes y pensent et en parlent autour d'elles" , conseille-t-elle. UNE DEMARCHE PLUS GLOBALE EN FAVEUR DE L'ACTIVITE SPORTIVE Par ailleurs, il est important que chacun comprenne que l'activité physique ne se résume pas au sport, précise le Dr Jamin. "Cela va des tâches de la vie quotidienne, comme le ménage, la marche pour se rendre à son travail ou les escaliers que l'on monte, à l'autre extrême qui est le sport de haut niveau". "C'est bon du début jusqu'à la fin, il n'y a pas de petite activité physique!" , martèle-t-il. L'enquête "Bougez contre le cancer du sein" s'inscrit ainsi dans une démarche plus globale de la Mutualité française en faveur de la promotion de l'activité sportive. "Nous avons créé un Institut sport santé, qui a pour vocation de développer des modules d'activité physique à tous les âges de la vie" , a annoncé Jean-Pierre Davant. Avec le ministère de la santé et des sports et le comité national olympique, la Mutualité participe également à la mise en place d'un programme sport, santé, bien-être, avec comme projet, entre autres, d'organiser chaque année une journée dédiée au sport, à l'image de ce qui existe pour la fête de la musique.

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