Maladie d'Alzheimer : progression rapide du nombre de patients traités en Midi-Pyrénées entre 1999 et 2004

le 05/07/2011 à 09h18 par  - Lecture en 3 min Ajouter à votre selection
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Le nombre de patients traités par un médicament anti-Alzheimer a progressé rapidement en Midi-Pyrénées entre 1999 et 2004, passant de 737 à 5.345, selon une étude de l'assurance maladie présentée à la 8ème réunion francophone sur la maladie d'Alzheimer et les syndromes apparentés qui s'est tenu à Saint-Etienne.

Traitement de la maladie d'Alzheimer

Ces résultats sont issus des données de prise en charge par le régime général de l'assurance maladie en Midi-Pyrénées sur les premiers trimestres des années 1999 à 2004, indiquent dans un poster le Dr Robert Bourrel et ses collègues de la direction régionale du service médical de l'assurance maladie en Midi-Pyrénées. Les résultats ont été publiés dans le bulletin du service médical de l'assurance maladie en Midi-Pyrénées, Médistat'. Globalement, la prévalence des patients traités par un médicament anti-Alzheimer peut être estimée à 3,36 cas pour 1.000 habitants en 2004 dans cette région. Par rapport à 1999, l'âge moyen des patients traités en 2004 est resté stable, à environ 78 ans, tandis que la répartition des sexes a légèrement évolué, passant de 2,7 à 2,5 femmes pour un homme. Entre 1999 et 2004, il apparaît également que la part des patients pris en charge à 100% par l'assurance maladie au titre de l'affection de longue durée (ALD) a progressé, de 82,8% à 92%. Au premier trimestre 2004, parmi les 5.345 patients traités, 4.320 (80,9%) recevaient l'un des trois anticholinestérasiques indiqués dans les formes légères à modérément sévères de la maladie d'Alzheimer tandis que les 1.025 (19,1%) autres étaient traités par le seul médicament indiqué dans les formes modérément sévères à sévères, l'antagoniste NMDA mémantine. Les auteurs font observer que la mémantine a été prescrite dans 10,5% des cas en association avec un anticholinestérasique . Les données démontrant le bénéfice d'une telle bithérapie sont limitées mais les médecins estiment que des éléments théoriques plaident en sa faveur. La prescription des anticholinestérasiques par les médecins généralistes a, par ailleurs, augmenté : en 2004, 86% des patients ont eu leur traitement exclusivement prescrit par leurs médecins généralistes, contre 77% en 2001. La majorité des patients traités par médicament anti-Alzheimer se sont également fait prescrire des médicaments psychotropes avec, en 2004 un taux de 70,5% chez ceux recevant des anticholinestérasiques et de 71,2% chez ceux sous mémantine. En 2001, 67,7% des patients recevaient à la fois un anti-Alzheimer et un psychotrope. Les auteurs notent que, parmi les psychotropes coprescrits, la part des neuroleptiques atypiques a doublé entre 2001 et 2004, atteignant un taux de 9,4% chez les patients sous anticholinestérasiques et de 15,8% chez ceux recevant la mémantine. L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) avait émis, en 2004 et 2005, des avertissements sur les risques liés à l'utilisation de trois neuroleptiques atypiques.

Les actes infirmiers, principal poste de dépenses

L'analyse des données montre que la charge de soins représentée par ces patients est lourde, notamment en actes infirmiers et de kinésithérapie. Entre 2001 et 2004, la part des patients sous anticholinestérasique ayant eu recours à de tels actes s'est accrue, passant respectivement de 55,2% à 63,1% et de 27,2% à 33%. En 2004, ils étaient respectivement 63,5% et 31,8% des patients sous mémantine. Dans le même temps, la part des patients sous anticholinestérasique qui ont été hospitalisés dans le public ou le privé a baissé, passant de 56,9% à 52,9%. En 2004, 55% des patients sous mémantine ont été hospitalisés. Enfin, le coût global des soins des patients atteints d'une maladie d'Alzheimer (actes médicaux, médicaments, actes de biologie, actes infirmiers, actes de kinésithérapie, transports sanitaires, accessoires et matériels à domicile, hospitalisation) a progressé entre 2001 et 2004 : par rapport à l'ensemble des patients de 70 ans, il était multiplié par 1,85 puis par 2,59 . En 2004, pour les patients sous mémantine, qui doivent être à un stade plus avancé de la maladie selon l'AMM, le coût global des soins était presque triplé par rapport à l'ensemble des patients de 70 ans. La différence avec les patients traités par anticholinestérasique dépend principalement de dépenses plus importantes en médicaments, matériel de traitement à domicile et hospitalisation. Ces résultats montrent que la mise sur le marché de plusieurs anticholinestérasiques ainsi que de la mémantine a permis d'augmenter la population traitée. Cependant, tous les patients ne répondent pas au traitement et il serait nécessaire de mettre en place une cohorte de suivi pour déterminer ce taux de réponse afin d'arrêter le traitement lorsqu'il s'avère sans effet, concluent les auteurs. Globalement, l'augmentation de la population atteinte de la maladie d'Alzheimer avec le vieillissement de la population et le coût des thérapeutiques mises en oeuvre exposent à des difficultés économiques , soulignent-ils. (Revue neurologique, T.161, n°12/2, p 4S100 ; Médistat' n°12, p.4-7)

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