Prononciation :
ô-kun, ku-n' ; l'n se lie, aucun ami, dites : ô-ku-n ami ; plusieurs prononcent ô-kun-n ami, liant, mais conservant la nasalité. Aucun conserve sa nasalité même devant une voyelle, s'il n'est pas suivi immédiatement d'un mot auquel il se rapporte ; je n'en veux aucun à ma suite, dites : ô-kun, et non o-ku-n à ma suite ; au pluriel, l's se lie ; aucuns amis, dites ô-kun-z amis
adj.
REMARQUE
1. Quelques personnes doutent si aucun, aucune, avec la négation, peuvent être employés au pluriel. Il est plus ordinaire de mettre le singulier ; mais comme rien n'empêche de nier la pluralité aussi bien qu'on nie l'unité, rien non plus ne peut faire condamner les phrases où aucun est au pluriel. On voit par les exemples que les meilleurs auteurs, en prose comme en vers, se sont servis d'aucun au pluriel. Cet emploi est donc pleinement légitime.
2. Il n'a eu dans toute sa vie aucun moment d'assuré. Dans cette phrase de Fénelon, de est un gallicisme. Ce de se met très bien quand en est joint à aucun ; on dira en parlant de livres, de tableaux : il n'y en a aucun de relié ; il n'y en a aucun d'encadré. Mais, hors de là, il ne faut pas, généralement parlant, mettre ce de devant l'adjectif : il n'a aucun livre relié ; aucun tableau encadré.
3. Il ne faut pas mettre pas ou point avec aucun et dire : je n'ai pas aucun livre. Cependant, quand pas ou point est éloigné d'aucun, cette construction est admissible.
4. Aucun se construit très bien avec plus, jamais.
5. D'aucuns, d'aucunes, quelques-uns, quelques-unes. Archaïsme qui n'est plus guère en usage.
6. Les aucuns, quelques-uns.
Cette locution a tout à fait vieilli.
7. On verra, par l'étymologie et par l'historique, que aucun a essentiellement un sens affirmatif ; que le sens négatif ne lui vient que par son adjonction avec la négation ne ; et que, si la fréquence de cette adjonction a altéré la netteté de la signification primitive, elle ne l'a pas détruite en fait, et surtout ne doit pas la faire perdre de vue.
ÉTYMOLOGIE
Provenç. alcun ; espagn. alguno ; portug. algum ; ital. alcuno ; de aliquis (voy. ALIQUOTE), et unus, un (voy. UN). Diez observe qu'il serait possible que les anciennes formes alcon, alquen, fussent composées non pas d'aliquis unus, mais de aliquis homo. Palsgrave, p. 57, remarque que, bien qu'on écrivît aulcun, on prononçait aucun.