> EN
Prononciation :
an ; suivi d'une voyelle ou d'une h muette se prononce comme le substantif an ; mais, ce qui n'a pas lieu pour le substantif an, l'n s'appuie sur la voyelle qui suit : en avant, dites : an-na-van
prép.
Préposition qui signifie à l'intérieur de, avec deux sens principaux desquels tous les autres dérivent, l'un exprimant le repos (renfermant les nos 1° à 7°), l'autre le mouvement (renfermant les nos 8° à 13°), en se prêtant également, suivant le mot qui le précède, au sens de repos et à celui de mouvement.
Sens
1À l'intérieur de, avec l'idée de repos. Être en France. En la ville de Paris. Renfermés en une place forte. En ces lieux agréables. Nous nous tenons en une chambre bien close.
Sens
2Dans la personne de.
Il est en moi, en lui, c'est-à-dire je possède, il possède la faculté de, le pouvoir de.
Sens
3Par extension, en parlant du temps, en l'espace de. En un an. En deux ans. En si peu de temps. En moins d'un mois.
Pendant. En hiver. En été. En l'an 300 de l'ère chrétienne.
Sens
4Il exprime la situation. En plaine. Je me trouvais en forêt, en plein champ. Il était en tête de la bande.
Fig. Avoir quelqu'un en tête, l'avoir pour adversaire.
Avoir quelque chose en tête, en être occupé.
Sens
5Sert à exprimer l'état, la manière d'être, la disposition, l'occupation. Être en affaires, en prière. Un portrait en pied. Être en guerre, en paix. Des cheveux en désordre. être en bonne santé, en appétit. Fenêtre en ogive. Fruits disposés en pyramide. S'habiller en turc. Se coiffer en cheveux. Regarder en pitié.
Sens
6En hommes, en femmes, etc. se dit pour spécifier la qualité des personnes dans une assemblée. La réunion était nombreuse, mais, en ouvriers, il n'y avait que des menuisiers.
Sens
7Comme, de même que, en qualité de.
En tant que, selon que, autant que, En tant que besoin sera.
En tant que, comme. En tant qu'ennemis, il les combattit ; en tant que blessés, il veilla à leur salut.
Sens
8À l'intérieur de, vers l'intérieur de, avec mouvement. Mettre quelqu'un en prison. Monter en voiture. Aller en ville.
Sens
9En marque la direction.
Sens
10Indique un rapport de succession. D'aujourd'hui en huit. De point en point. Voltiger de fleur en fleur. De pis en pis.
Sens
11Marque la division, la distribution, la forme. Un poëme en quatre chants. Diviser une pomme en deux. Roulé en cercle.
Sens
12Fig. S'en aller en fumée. Éclater en pleurs. La chrysalide se change en papillon.
Sens
13Indique la destination, le motif, le but. Mettre en vente, en gage. Un temple changé en mosquée. En vue de plaire. En haine de. En considération de.
Et aussi l'état avec mouvement, c'est-à-dire l'état dans lequel on entre. Se mettre en colère. Entrer en admiration. Être ravi en extase.
Sens
14En précède fort souvent le participe présent, et désigne alors le temps, l'époque, la manière. On apprend en vieillissant. Il dit en partant. Le mal va en augmentant.
Dans cette construction, pour qu'elle soit régulière et claire, il faut que en et le participe se rapportent au sujet de la phrase. Cependant, quand le sens ne souffre aucune ambiguïté, on peut ne pas l'y faire rapporter. L'appétit vient en mangeant.
Sens
15En sert à former une foule de locutions adverbiales, comme : en avant, en dessus, en bas, en haut, en travers, en outre (voy. ces différents mots).
Sens
16En- préfixe, représente la préposition latine in, et donne au verbe le sens de aller dans, comme dans enfoncer ; ou un sens augmentatif, comme dans enchérir.
Sens
17En devient em en composition devant un p ou un b : embellir, empâter.
REMARQUE
1. Les grammairiens disent que en ne peut être employé pour exprimer la matière et que ma tabatière est en écaille, cette étoffe est en soie sont des phrases vicieuses, en place desquelles il faut mettre : ma tabatière est d'écaille, cette étoffe est de soie. Le fait est que l'Académie, qui ne parle pas de la difficulté, n'a aucun exemple de en signifiant la matière. Mais il est vrai aussi que l'usage de cette signification est très fréquent, et qu'on entend dire tous les jours une statue en marbre, une table en chêne, un mur en moellons, un pilier en bois, etc. Et c'est d'après cet usage vulgaire qu'on lit dans Arago, Notice sur le tonnerre, cité par Legoarant : Faisons cette pointe en fer.... Cinq poteaux en bois.... puis les cinq poteaux en bois dont j'ai parlé. à ces phrases récentes on peut ajouter celle-ci, plus ancienne, de Voltaire : De l'auguste raison les sombres ennemis Se plaignent quelquefois de l'inventeur utile Qui fondit en métal un alphabet mobile, Ép. c. Enfin, remontant encore davantage on en trouvera un exemple de Montaigne (en marbre). Ces différentes autorités portent à croire que en, ainsi employé, ne doit pas être rejeté.
2. En présente des difficultés pour les articles. Quand la locution où en figure est tout à fait générale, en se construit sans article : en paix, en guerre, en soi, en nous. En se construit aussi avec un nom pris partitivement : en des temps tels que.... ; avec l'article indéfini un, une : en un lieu agréable ; avec un mot quelconque qui supplée l'article : en telle année, en cette situation, en quel temps, en quelque sorte, en ma volonté. Mais avec l'article défini le, la, les, il faut distinguer : d'abord il ne s'emploie jamais avec l'article pluriel, on ne dit pas en les circonstances, en les temps ; c'est un simple usage ; car il n'y a rien dans la préposition en qui répugne à l'emploi de les après elle ; et dans la locution ès lettres, ès est pour en les. Avec l'article au singulier on peut s'en servir dans quelques cas exceptionnels : en l'honneur de, en l'absence d'un tel, en l'état où je suis, en la présence de Dieu, en la chambre du conseil.
3. Il est beaucoup de cas où l'on peut employer indifféremment en ou dans ; et c'est alors l'oreille et l'harmonie de la phrase qui décident du choix. Voici des exemples :
4. Dans le siècle de Louis XIV, on a dit communément en avec un nom de ville.
Aujourd'hui on met à ; mais, en poésie, on pourrait très bien se servir de la tournure archaïque.
Godefroy, Lex. de Corneille, remarque qu'à Lyon on dit encore en Belle-Cour pour à la place Belle-Cour.
5. Dans le même XVIIe siècle, on a employé d'une autre façon en pour à moderne.
6. C'est encore en pour l'à moderne dans cet exemple-ci :
SYNONYME
1° EN, DANS. La différence essentielle que l'usage a mis entre ces deux mots, c'est que en ne se construit qu'exceptionnellement avec l'article défini le, la, les, tandis que dans exige ces articles dans sa construction. Cette condition fait que en donne aux mots une acception indéterminée que dans ne comporte pas.
2° Je ferai cet ouvrage en deux jours, se dit par opposition à un temps plus ou moins long qu'on pourrait y employer. Je ferai cet ouvrage dans deux jours, se dit sans opposition, et seulement par rapport à l'espace de temps après lequel on commencera l'ouvrage.
HISTORIQUE
IXe s.
Xe s.
XIe s.
XIIe s.
XIIIe s.
XVe s.
XVIe s.
ÉTYMOLOGIE
Picard, in ; wallon, in ; provenç. en ; espagn. en ; portug. em ; ital. in ; du latin in; allem. in. Le vieux français a dit quelquefois e pour en.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1. EN. - REM. Ajoutez :
7. En rue, pour dans la rue. J. J. Rousseau écrit de Lyon :
8. Mme de Sévigné emploie en avec un nom de personne pour signifier : avec, chez.
Ce sont des tournures plaisantes.
9. Régnier a dit : Qui vit naître et mourir les Muses en la France, Sonnet I. En la France, moins usité que en France, est bon néanmoins.
10. J. J. Rousseau a dit en Deux-Cents pour : dans le conseil des Deux-Cents, à Genève. Je ne doute pas que le discours tenu par le procureur général en Deux-Cents ne soit sincère, Lett. à d'Ivernois, 24 mars 1768.
> EN
Prononciation :
an ; l'n se lie quand en précède le verbe ; et alors en se prononce exactement comme la préposition en : je n'en ai pas, il s'en amuse ; le succès en est douteux, dites : je nan-n ai pas ; il san-n amuse ; le succès an-n est douteux ; quelques personnes prononcent : je na-n ai pas, il s'a-n amuse, le succès a-n est douteux ; mais cette prononciation, peut-être plus conforme à d'autres analogies, est aujourd'hui provinciale ; en ne se lie pas quand il suit le verbe : donnez-en un ou deux, dites donnezan un ou deux
pron.
Pronom relatif de la 3e personne, des deux genres et des deux nombres, disent la plupart des grammairiens, pronom relatif ou particule relative, dit l'Académie ; d'après Jullien, nom général de choses qu'on qualifie ordinairement de pronom, parce qu'il se met, comme les pronoms, devant les verbes dont il est le complément et, après eux, à l'impératif ; mais il n'indique aucunement la 1re, la 2e ou la 3e personne ; il ne remplace pas toujours un nom, mais bien souvent une proposition tout entière ; il ne s'accorde pas du tout avec les noms qu'il représente ; il est toujours, au cas indirect, marqué par de, et ne joue jamais le rôle de sujet. Ce fait est que en, venant du latin inde qui signifie de là, est d'abord et étymologiquement un adverbe de lieu, puis exprime par extension toute sorte d'autres rapports.
Sens
1De ce lieu, de ces lieux. Vous allez à Lyon, j'en viens.
Sens
2D'adverbe de lieu, en passe au rôle de pronom (comme où, qui, du rôle d'adverbe de lieu, passe au rôle de pronom relatif dans : le bonheur où j'aspire), et signifie de ce, de ceci, de cela, de cette chose, de ces choses. Cette affaire est délicate, le succès en est douteux.
Sens
3Il se dit aussi des personnes : de lui, d'elle, d'eux, d'elles.
Par lui, par elle, par eux, par elles, en tant que, dans la phrase, le de qui est dans en peut être conçu comme remplacé par la préposition par.
Sens
4Sert à rappeler d'une manière plus ou moins régulière et précise l'idée énoncée dans une proposition.
Sens
5Il entre dans un grand nombre de gallicismes, comme ceux-ci par exemple : il en veut à un tel ; il s'en donne ; je m'en promets ; en venir aux mains ; il s'en faut.
Il en est de.... c'est-à-dire la chose se comporte comme. Il en sera de cette réclamation comme de celle de l'an passé.
Vaugelas condamnait cette locution, et voulait y supprimer en ; suivant lui il fallait dire : il est des hommes comme de.... et non il en est des hommes comme de.... On lui objectait que cette suppression faisait amphibologie, et que il est des hommes semblait d'abord signifier : il y a des hommes. Finalement en a triomphé, et à bon droit ; ce n'est pas la logique qui demandait ce pléonasme, mais la clarté du discours y a gagné.
C'en est assez, c'est-à-dire cela suffit.
C'en est trop, la chose dépasse la mesure.
En être, c'est-à-dire être d'un complot, d'un secret, d'une cabale, etc.
En être à, n'être pas plus avancé que....
En être pour, perdre. J'en suis pour mon argent.
C'en est fait, la chose est terminée, résolue.
En tenir, être joué, trompé.
En donner d'une, tromper, abuser.
On dit aussi, en tenir, dans le sens d'être amoureux.
En planter, faire porter des cornes à un mari.
N'en pouvoir mais, n'être pas cause de....
N'en pas devoir, avoir autant qu'un autre la chose, la qualité dont il s'agit.
En être jusqu'à, et, en supprimant jusque, en être à, être conduit au point de.
S'en tenir à, n'aller pas plus loin que.
S'en dire, se faire à soi-même des reproches, des remontrances.
En croire quelqu'un, ajouter foi à ses dires.
À qui en a-t-il ? c'est-à-dire contre qui est-il en colère ?
Sens
6En- sert aussi de préfixe pour indiquer déplacement : emporter, porter-en, portare inde, emmener, mener-en, minare inde, s'enfuir, fuir-en, fugere inde, s'en aller, aller-en, aller de là, etc.
REMARQUE
1. En se met toujours avant le verbe, et, si le verbe est composé, avant le verbe auxiliaire : il en parle, il en a parlé ; excepté à l'impératif (2e personne du singulier, 1re et 2e personnes du pluriel), où il se met après, s'y joignant par un trait d'union : prends-en, parlez-en, parlons-en.
2. Avec les impératifs de la 1re conjugaison, à la 2e personne du singulier, on intercale pour l'euphonie une s, de cette façon : parles-en.
3. Si le verbe à l'impératif est construit avec une négation, en se met avant le verbe : n'en parle pas ; ne vous en étonnez pas ; n'en disons rien ; ne nous en effrayons pas.
4. En, construit avec des pronoms, se met toujours après ces pronoms : il vous en a parlé ; il s'en moque ; parlez-nous-en ; retirez-les-en ; nous vous en empêcherons ; nous ne vous en empêcherons pas ; il t'en enverra ; vous lui en adresserez.
5. À l'impératif, quand en est joint avec moi, toi, on change moi, toi, en m', t' : va-t'en, donne-m'en, donne-t'en ; et, avec la négation : ne m'en veuille pas, ne t'en vante pas.
6. En joint à y se met toujours après y : il s'y en donna.
De même à l'impératif : mettez-y en. Lachaussée a eu tort de dire dans l'École des mères, IV, 4 : je m'en y vais ; il faut : je m'y en vais.
7. En joue toujours le rôle de complément indirect, puisqu'il contient virtuellement la préposition de : voyez ces fleurs ; en avez-vous cueilli ? c'est-à-dire : avez-vous cueilli une part de ces fleurs ? En conséquence, le participe passé qui le suit reste invariable, parce que en auquel il se rapporte n'a par lui-même ni genre ni nombre.
Mais, dans ce vers de Racine :
il ne faudrait pas croire que c'est en qui détermine l'accord du participe ; c'est combien qui le détermine. Voy. COMBIEN, remarque 1 ; suivant la règle, on dira : combien de jours j'ai perdus, ou combien j'ai perdu de jours.
8. Dans le XVIIe siècle, on employait volontiers en par pléonasme.
Ce pléonasme n'est pas sans utilité, et pourrait, dans quelques cas, être imité.
9. Les substantifs pris d'une façon partitive, sans article défini, en un sens général, ne peuvent guère être représentés consécutivement par les pronoms et en conséquence par en.
10. Avec faire on peut, dans s'en aller, supprimer le pronom personnel s' (voy. ALLER, S'EN ALLER).
11. Molière a dit : en être de même, pour être de même.
Cette tournure n'est plus usitée.
12. Au XVIIe siècle, on se servait de en précédé de et pour joindre deux membres de phrase à peu près comme nous les joindrions par dont ; la tournure est commode, et mérite d'être regrettée.
HISTORIQUE
IXe s.
Xe s.
XIe s.
XIIe s.
XIIIe s.
XVe s.
XVIe s.
ÉTYMOLOGIE
Berry, in, allons-nous in ; provenç. ent et ne ; ital. ne ; anc. ital. ende, ensuite ; du latin inde, de là, d'ici, en.
> EN
Préposition
qui sert à marquer, soit
au propre, soit au figuré, la Relation d'une
chose avec le dedans, l'intérieur, le milieu
d'une autre. Elle se prend dans une acception
moins déterminée que
Dans, et son complément
ne s'emploie que très rarement avec
l'article défini.
Mettre quelqu'un en prison.
Monter en voiture. Être en pleine mer. Chasser
en plaine. Un ouvrier qui travaille en chambre.
Avoir de l'argent en poche, en caisse. Être en
lieu sûr. Être en France. Passer en Espagne.
Voyager en Italie. En haut. En bas. En avant.
En arrière. En dedans. En dehors. Dîner en
ville. Se mettre en chemin. Rester en place.
Être bien en selle. Avoir preuves en main. Se
mettre martel en tête. Avoir un projet en tête.
Ce mot ne s'emploie guère qu'en poésie. Exceller
en quelque chose. On doit, en toute chose, se
conduire prudemment. En cas de mort, en cas
d'accident. En tous cas. Il n'est pas en mon
pouvoir de faire cela. Descendre en soi-même.
En l'honneur des saints. En l'absence d'un tel.
En la présence de Dieu. Ce procès a été jugé en
chambre du Conseil. Souvent l'idée de relation
avec l'intérieur d'une chose s'affaiblit, ou
même s'efface entièrement, et
EN paraît alors
équivaloir aux prépositions
À, Vers ou
Sur.
Marcher en tête. Être en tête de sa classe. Suivre
en queue. Mettre en ligne. Prendre en flanc.
Donner du nez en terre. Voltiger de fleur en
fleur. De fil en aiguille. De point en point.
D'aujourd'hui en huit.
Cette préposition a divers emplois spéciaux.
Ainsi très souvent elle précède un mot qui
indique ou détermine l'État absolu ou relatif,
la manière d'être, la disposition, la modification
d'une personne ou d'une chose.
Il a tant
couru, qu'il est tout en eau, qu'il est tout en
nage. Du blé en herbe. Une vigne en fleur.
Teindre, colorer en bleu, en rouge. Mettre des
vers en musique. Un portrait en pied. Mettre
en pièces. Un habit en lambeaux. Une terre en
friche. Un enfant en nourrice. Être en apprentissage.
Un officier en activité, en retraite. Il
n'est plus en fonction. Se mettre en mesure de...
Être en possession d'un bien. Être en bonne
posture. Être en guerre avec quelqu'un. Vivre
en paix, en repos. Être en liberté. Les lois en
vigueur. Ce mot n'est plus en usage. Un arrêt
passé en force de chose jugée. Être en vogue,
en réputation, en faveur, en disgrâce. Être en
danger. Être en vie, en bonne santé, en appétit.
Être en bonne humeur, en colère, en verve. Être
en extase. Tomber en défaillance. Être en rapport
avec quelqu'un. Mettre en doute. Être en
rapport avec quelqu'un. Être en avance, en
retard.
Elle introduit également le mot qui indique
ou détermine :
1° À quoi une personne est occupée, appliquée.
Être en affaire, en prières. C'est un homme
tout en Dieu.
2° Le résultat d'un changement de nature.
Narcisse fut métamorphosé en fleur. Se résoudre
en pluie. S'en aller en fumée, en vapeur. Son
amour se convertit en haine. Fig.,
Éclater en
sanglots. Fondre en larmes.
3° La forme.
Des arbres taillés en buisson.
Des perles en poire. Une fenêtre en ogive. Mettre
quelque chose en boule. S'élever en pyramide, en
forme de pyramide. Se terminer en pointe.
4° Le genre de culture.
Cet hectare est en
vignes. Ce terrain a été mis en potager, est en
potager.
5° Le mode de division.
Diviser en deux,
en trois, en quatre parties, ou, simplement,
Diviser en deux, en trois, etc. Un poème en
quatre chants. Une comédie en cinq actes. Un
ouvrage en deux volumes.
6° L'espèce de vêtement qu'une personne
a sur elle.
Être en veste, en chemise, en manteau,
en habit de chasse. Être en uniforme.
Être en pantoufles. Elle était en blanc. Être
en deuil.
Elle introduit aussi très fréquemment le
mot qui détermine À quoi est relative, à quoi
est restreinte, ou de quel point de vue est
considérée la chose, la qualité, l'action, etc.,
dont il s'agit.
La récolte en vin n'a pas été
fort abondante. Une terre fertile en blé. Être
riche en biens-fonds. Sa fortune consiste en
rentes sur l'État. Il m'a payé moitié en espèces,
moitié en billets. Il y a six mille francs en tout.
Vendre son bien en tout ou en partie. Nous
ne différons qu'en un seul point. Je n'ai fait
en cela que me conformer à ses ordres. Ce qui
est juste en soi. Il lui ressemble, mais en beau.
Parler de quelqu'un en bien, en mal. En fait
et en droit. On doit ranger ici les locutions
telles que :
Docteur en médecine. Peintre en
bâtiments. Ouvrier en soie. Tourneur en bois,
en ivoire. Peintre en miniature. Graveur en
médailles.
Elle sert encore, particulièrement, à marquer
Conformité.
En bonne justice. En bonne
règle. En conscience. Je vous le dis en vérité.
On voit, en effet, que...
Elle sert à indiquer encore :
1° La manière dont se fait une action.
Je
vous expliquerai la chose en deux mots. Se
ruiner en folles dépenses. S'épuiser en efforts
inutiles. Réprimander en vain. Ils s'y rendirent
en toute hâte. Se promener en long et en large.
Voir quelqu'un en secret. Lui parler en cachette.
À cet emploi se rapportent les phrases où
EN peut ordinairement se résoudre par À la
manière, à la façon de.
Vivre en homme de
bien, en bon chrétien, en libertin. Se conduire
en bon frère. Agir en roi, en maître. Parler en
étourdi, en écervelé. En homme prudent, je me
retirai. Commander en chef, En qualité de chef.
On dit de même
Général en chef, etc.
2° Le langage ou le genre d'écriture qu'on
emploie.
Écrire un ouvrage en grec, en français,
en latin, etc. Traduire en prose. Improviser
en vers. Une comédie en vers, en prose.
Ils s'entretenaient en anglais. Écrire en ronde,
en bâtarde, en grosses lettres, etc. Une inscription
en caractères grecs, en hiéroglyphes, etc.
3° La destination.
Armer en course, en guerre.
Mettre en vente. Mettre en gage, en dépôt.
Donner en otage. Livrer en proie. Arborer un
drapeau noir en signe de deuil. On peut rapporter
à cet emploi les expressions,
Poser en
fait, établir en principe, mettre en question, etc.,
Présenter ou avancer quelque chose comme
un fait, comme un principe, etc.
4° Le motif qui fait agir ou La fin qu'on
se propose.
Il l'a fait en haine d'un tel. En
considération de ses services. En reconnaissance
de vos bienfaits. En vue de lui plaire. En
mémoire de moi. Payer une somme en déduction
d'une autre Donner une chose en échange d'une
autre. En foi de quoi je lui ai délivré le présent
certificat.
EN sert encore à former plusieurs autres
locutions, pour l'explication desquelles nous
renvoyons aux différents articles des mots
qu'il régit.
Prendre son mal en patience. Avoir
en horreur. Prendre quelqu'un en amitié, en
grippe, en haine. Prendre quelque chose en bonne,
en mauvaise part. En revanche. En tiers. En
comparaison. En définitive. En conséquence. En
outre, etc. Voyez
PATIENCE,
HORREUR, etc.;
REVANCHE,
TIERS, etc.
Il sert de plus à marquer le Rapport au
temps et signifie Durant, pendant.
En hiver.
En été. En tout temps. En temps de paix. En
temps de guerre. En ces temps de calamité. En
votre absence. En plein jour. En 1830. En l'an
700 de l'hégire. En l'an 500 de la fondation de
Rome. Il arrivera en trois heures.
Suivi d'une forme verbale en ANT,
EN forme
le gérondif qui marque le Temps, l'époque,
comme dans ces phrases :
On apprend en
vieillissant. Il donna ses ordres en partant.
Il leur dit, en les recevant, que... Il l'a déclaré
en mourant; ou la Manière :
Parler en tremblant.
Un mal qui va en augmentant. Un
ruisseau qui va en serpentant; ou la Cause :
Il s'est blessé en tombant; ou la Condition :
Vous trouverez en cherchant, etc.
EN sert encore à former des mots, et surtout
des verbes, qui signifient Garnir de,
mettre dans, etc. Cette préposition, lorsqu'elle
fait ainsi partie d'un mot composé, s'écrit
avec une
m, toutes les fois qu'elle est suivie
d'un
b, d'un
p ou d'une
m. Ainsi on écrit,
Embarquer, empenner, emmailloter, au lieu de
Enbarquer, enpenner, enmailloter.
> EN
Pronom personnel relatif invariable
Il
établit une relation de possession, de provenance,
de cause avec un nom de chose qui
précède, et qui équivaut à De lui, d'elle,
d'eux, d'elles.
J'aime beaucoup Paris et j'en
admire les monuments. Cette maladie est dangereuse,
il peut en mourir. C'est un événement
triste, j'en suis tout affligé. On a voulu lui
donner une mission officielle, il s'en est dispensé.
Il se dit quelquefois des Personnes.
C'est
un véritable ami, je ne pourrai jamais oublier
les services que j'en ai reçus.
Il peut avoir aussi une signification partitive.
A-t-il des amis? Il n'en a qu'un seul.
Oh! les beaux fruits que vous avez, donnez-m'en
quelques-uns.
Dans cette acception, si, après
EN, le nom
qu'il représente est qualifié par un adjectif,
cet adjectif est précédé de la préposition
de.
A-t-il des protecteurs? Il en a de très puissants.
C'est la seule récompense qu'il ambitionne, il
n'en désire pas d'autre.
EN, dans cette acception, forme quelquefois
une sorte de pléonasme.
En est-il un seul
parmi vous qui consentît?
Il peut arriver que
EN représentant une
idée qui n'a pas encore été exprimée soit
placé en tête de la proposition.
N'en doutez
pas, ils céderont si vous montrez de la fermeté,
c'est-à-dire Ne doutez pas de cela, de ce que
je vais dire, etc.
C'est là, soyez-en certain, la
cause de son refus, c'est-à-dire C'est là (soyez
certain de ce que je dis) la cause, etc.
EN a une valeur adverbiale quand il signifie
De là, de l'endroit dont il est question.
Vient-il de la ville? Oui, il en vient.
Dans cette acception, il entre en composition
avec un certain nombre de verbes de
mouvement à forme pronominale :
S'en aller,
s'en venir, s'en revenir, s'en retourner, s'enfuir,
etc. Adieu, je m'en vais. Si vous avez à faire,
je m'en irai. Allons-nous-en. Voulez-vous vous
en retourner?
EN, adverbe relatif signifie aussi, souvent
par extension, À cause de, par suite de cela,
de la chose dont il est question.
Le chagrin
le mina si bien qu'il en mourut.
Dans cette acception, mais très affaiblie,
il entre en composition avec certains verbes
pour leur donner une signification spéciale.
N'en pas croire ses yeux. En vouloir à quelqu'un.
S'en prendre à autrui. Je n'en reviens pas.
Il en est venu à ses fins. En venir aux mains,
aux coups. Il ne sait plus où il en est. N'en
pouvoir mais. Il s'en faut de beaucoup. Il ne
peut en être ainsi. En imposer. N'en pouvoir
plus.