Déshonneur, opprobre, humiliation (ce qui est le sens étymologique et ancien).
Par exclamation.
Être la honte, faire la honte de sa famille, de son pays, de son siècle, lui faire un grand déshonneur.
À la honte de, en causant déshonneur.
Familièrement et par exagération. C'est une honte, c'est grand'honte, il ne convient pas, il est messéant.
Il se dit aussi au pluriel (Voltaire a condamné cet emploi ; mais, outre les autorités, la raison et l'usage n'empêchent pas d'employer ce mot abstrait au pluriel).
Familièrement. Faire mille hontes, faire cent hontes, accabler d'outrages.
Sens
2
Sentiment pénible qu'excite dans l'âme la pensée ou la crainte du déshonneur.
Avoir honte, éprouver de la honte.
On le dit aussi au pluriel en ce sens.
Faire honte à quelqu'un, être pour lui une cause de honte.
Poétiquement. Faire honte, éclipser.
Faire honte, faire des reproches qui causent de la honte, de la confusion.
Vous devriez mourir de honte, se dit, par exagération, à quelqu'un qui a commis une action très répréhensible.
Avoir perdu toute honte, être insensible au déshonneur.
On dit dans le même sens : mettre bas toute honte, et avoir toute honte bue.
Sens
3
Courte honte, insuccès.
Un homme s'en retourne, s'en revient avec sa courte honte quand il a reçu l'affront de n'avoir pu réussir en quelque entreprise. Cette locution est singulière ; et, comme elle manque d'historique, on ne sait comment l'expliquer avec quelque sûreté. Provisoirement, on peut penser que courte honte signifie proprement honte à court délai, honte qui arrive tout de suite.
Sens
4
Mauvaise honte, fausse honte de ce qui n'est pas blâmable, et quelquefois même de ce qui est louable.
Fausse honte, timidité mal placée, honte non justifiée.
Sotte honte, synonyme de fausse honte.
Sens
5
Dans le langage biblique, la honte, les parties que l'on doit cacher.
PROVERBES
Que honte ne vous fasse dommage, c'est-à-dire il ne faut pas qu'une mauvaise honte empêche de faire une chose qui n'est point blâmable et qui peut être utile.
Un peu de honte est bientôt passé, on surmonte facilement un sentiment de honte pour quelque avantage.
REMARQUE
1. On dit également : je n'ai point honte d'avoir fait cela, et je n'ai point de honte d'avoir fait cela. Dans la première phrase, honte est pris dans un sens général et indéterminé ; dans la deuxième, honte est pris dans un sens partitif. En effet la honte est un sentiment susceptible de plus et de moins.
2. Avoir honte à, avoir honte de. On a essayé d'établir une distinction, disant qu'on se sert de à quand le verbe exprime une action, et de de quand il exprime un état : il a honte à mentir, il a honte d'avoir menti ; mais, avec quelque soin qu'on examine ces deux locutions, on ne peut voir aucune différence appréciable de sens, et c'est l'oreille qui doit déterminer le choix.
3. Avoir ses hontes bues, locution singulière, mais dont on verra l'origine à l'historique. Un poëte du XIIIe siècle représente l'antechrist faisant verser à pleins brocs la honte ; il insiste sur cette fiction et sur cette figure de la honte bue. Cette fiction et cette figure ont eu assez de crédit pour introduire dans la langue la locution, qui, si on n'avait le poëme d'où elle provient, demeurerait inexplicable. C'est Génin qui a trouvé cette excellente explication.
SYNONYME
HONTE, PUDEUR. Les reproches de la conscience causent de la honte. Les sentiments de modestie produisent la pudeur. Elles font quelquefois l'une et l'autre monter le rouge au visage, mais alors on rougit de honte et l'on devient rouge par pudeur, GIRARD.
HISTORIQUE
XIe s.
XIIe s.
XIIIe s.
XIVe s.
XVe s.
XVIe s.
ÉTYMOLOGIE
Bourg. onte ; provenç. ancta, amta, anta ; ital. onta ; de l'anc. h. allem. hônida ; vieux saxon, honda, déshonneur, de même radical que honnir. Honte a été des deux genres. Un dérivé hontage a été très usité.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
HONTE. - HIST.
XVIe s. Ajoutez :
3
Dictionnaire de L'académie française (8 ème édition)
> HONTE
(H est aspirée.) n. f.
Sentiment
pénible excité dans l'âme par la conscience
d'une faute commise et la confusion, le trouble
qu'on en ressent. Avoir honte de mentir. Il a
honte d'avoir fait cette mauvaise action. Il a
honte de se montrer. La honte le retient. Il y a
une bonne et une mauvaise honte. Il ne faut
pas avoir honte de bien faire. J'éprouvais à leur
aspect une sorte de honte. Rougir de honte.
Pleurer de honte. Vous devriez mourir de honte.
N'avez-vous point honte de manquer de parole,
de vous comporter avec cette indécence? J'en ai
honte pour vous. J'aurais honte de rapporter les
propos indécents qu'il tenait. Je ne puis, sans
quelque honte, vous faire cet aveu. Je puis
l'avouer sans honte. Toutes les hontes sont
accumulées sur sa tête.Fausse honte, mauvaise honte, Honte mal
placée qui provient d'un scrupule excessif
ou d'une faiblesse de caractère et fait qu'on est
confus de choses méritoires. C'est une mauvaisehonte. Manquer au devoir par fausse
honte. Une sotte honte le retint.Faire honte à quelqu'un, Lui causer de la
honte, être un sujet de honte pour lui. Ils
tirent vanité de ce qui devrait leur faire le plus
de honte. Cet écolier fait honte à tous les autres
par son application. Votre activité fait honte
à ces paresseux. Faire honte à quelqu'un signifie
encore Faire à quelqu'un des reproches qui lui
causent de la honte, de la confusion; et alors
honte est souvent accompagné d'un complément.
Faites-lui honte, il le mérite bien. Faites-
lui honte de sa paresse. On lui en a bien fait honte.
Poétiquement, et en parlant des Choses,
Faire honte, Effacer, éclipser. La blancheur de
son teint fait honte à la neige.
Prov. et fig., Avoir perdu toute honte, Être
sans pudeur, être insensible au déshonneur.
On dit dans le même sens Avoir toute honte bue,
mettre bas toute honte.
Prov., Revenir, s'en retourner avec sa courte
honte, Revenir, s'en retourner après avoir
essuyé un affront, un refus, ou sans avoir rien
fait de ce qu'on s'était promis de faire.
Il signifie encore Humiliation, déshonneur.
Essuyer la honte d'un refus, d'une disgrâce. La
honte doit en retomber sur lui. Il n'en recueillera
que de la honte. Cette action imprime à sa mémoire
une honte éternelle. Couvrir quelqu'un
de honte. Effacer la honte d'une mauvaise action.
Il y a de la honte à se conduire ainsi. Il n'y a pas
de honte à être pauvre. Elle se vit contrainte
d'avouer sa honte. Pleurer sa honte. Quelle honte
pour nous! À la honte de la raison, du bon sens.Être la honte, faire la honte de sa famille, etc.,
Lui faire un grand déshonneur. Les mauvais
ouvrages, les ouvrages immoraux font la honte
de leurs auteurs. De tels hommes sont la honte
de l'humanité.